Cette section présente un éventail de problèmes liées à la culture des Lithops et propose des façons d’y remédier. Il s’agit soit d’anomalies rencontrées lors de la phase de semis, soit de problèmes de développement de la plante adulte.

Anomalies sur les semis

L’observation attentive des plantules quelques mois après le semis permet de détecter certains dysfonctionnements liés soit à un incident de culture (arrosage, densité de semis, dureté des graines, dégât d’insecte), soit à des problèmes biologiques (division cellulaire, qualité génétique des graines). 

L’excès d’arrosage ou le maintien des semis pendant une trop longue période sous film plastique favorise généralement la prolifération d’algues pouvant nuire au développement des plantules. La photo de gauche illustre, un semis de 2 mois de Lithops dorotheae en cours de colonisation par des algues. Celle de droite montre le même semis, 2 mois plus tard, après réduction de l’arrosage et rajout d’une fine couche de gravier en surface. Les pertes liées aux algues se limitent aux quelques plantules cerclées de rouge sur la photo de gauche.

Les photos suivantes illustrent des incidents liés à la division des feuilles fréquemment rencontrés chez les Lithops. La première montre une paire de feuilles à fissure incomplète chez Lithops gracilidelineata, la seconde une division incomplète avec deux paires de feuilles avortées chez Lithops halii  ‘Green Soapstone’ et la troisième un phénomène de trivergence donnant une plantule à trois feuilles chez Lithops otzeniana.

Les Lithops sont également sujets à de fréquentes mutations génétiques qui sont à l’origine de nombreux cultivars. Il n’est pas rare d’en faire l’expérience lors de semis. Les photos suivantes illustrent l’apparition d’une mutation à épiderme rouge dans un semis de Lithops bomfieldii ssp. glaudinae C393, mutation que l’on pourrait rapprocher du cultivar ‘Embers’.

A contrario, il est courant que les semences de cultivars du commerce démontrent la difficulté de fixer une mutation. Ainsi dans la photo ci-dessous d’un semis de Lithops salicola ‘Sato’s Violet’, on voit clairement que l’une des pantules exprime la couleur de la plante type, signe d’une mutation insuffisamment fixée.

L’étalement de la germination sur une longue période est un autre phénomène récurrent, en particulier quand les graines ont été récoltées l’année précédent le semis, ou bien pour les espèces se développant dans des conditions d’aridité extrême. Les photos suivantes illustrent, à gauche, deux vagues de germination de Lithops werneri et, à droite, trois stades différents dans le même semis de Lithops fulviceps : plantules de 15 jours (vertes), de 3 mois (fente fermée) et de 6 mois (mue en cours).

Les semis de Lithops restent fragiles au cours des 18 premiers mois. Ils sont particulièrement sensibles aux attaques d’insectes ou de gastéropodes. Les photos illustrent les dégâts occasionnés par de petits escargots sur des semis de Lithops verruculosa (photo de gauche). Si le problème est rapidement détecté et le prédateur éliminé, il est possible d’observer la formidable résilience des plantules. Si seule la partie supérieure des feuilles a été consommée, la plantule va anticiper le processus de mue en générant très vite une nouvelle paire de feuille (photo du milieu). Un an plus tard, la mue terminée, les plantules ne présentent plus la moindre trace de l’attaque de l’escargot (photo de droite).

Anomalies sur les plantes adultes

L’observation régulière des plantes, lors des arrosages, de la floraison ou de la mue permet de détecter certains dysfonctionnements liés soit à un incident de culture (excès d’humidité, manque de lumière, dégât d’animal), soit à des problèmes biologiques (mue anarchique, déhiscence incomplète des vieilles feuilles, émergence inopinée du bouton floral).

Les photos suivantes illustrent les principaux incidents de culture. L’excès d’arrosage, l’arrosage à contre-saison ou plus fréquemment l’excès d’humidité de l’air provoque un pourrissement rapide et irrévocable de la plante (photo de gauche). Le manque de luminosité entraîne un étiolement des feuilles et une pousse oblique de la plante vers la source de lumière (photo au centre). Un arrosage insuffisant entraîne l’apparition de rides sur le corps de la plante puis son “enterrement” progressif (photo de droite). Un arrosage abondant résout rapidement ce problème.

Les photos suivantes illustrent les dégâts d’animaux les plus fréquemment rencontrés chez les Lithops. Les principaux prédateurs dans la nature sont les sauterelles et les herbivores sauvages ou domestiques. En culture, on rencontre des dégâts essentiellement occasionnés par des gastéropodes (escargots ou limaces), des insectes (guêpes ou noctuelles) ou des sauterelles.

La série suivante illustre les dégâts occasionnés par la chenille d’une noctuelle sur la face inférieure des feuilles d’un Lithops pseudotruncatella subsp. volkii C069. La photo de gauche montre la plante indemne en juillet 2018, les photos du centre la plante endommagée en novembre 2018 et la chenille qui s’était cachée dans le gravier de surface, la photo de droite montre la plante totalement récupérée après la mue en juin 2019.

Les anomalies biologiques sont plutôt rares chez les Lithops. Les trois photos ci-dessous illustrent les trois principales : à gauche, une mue anarchique aboutissant à la production simultanée de 6 feuilles sur une plante âgée de Lithops lesliei C352, au centre, la fissuration d’une feuille à sa base à la suite de l’émergence latérale du bouton floral d’un Lithops karasmontana C223 et, à droite, l’effacement partiel des dessins de l’apex à cause d’une déhiscence incomplète des feuilles de l’année précédente sur un Lithops gesinae var. annae C078.

Les mues anarchiques sont définitives et aboutissent progressivement à un Lithops “monstrueux”. L’effacement partiel des dessins de l’apex est temporaire mais il peut être récurrent chez certaines espèces, il convient alors de surveiller la déhiscence des vieilles feuilles et de les supprimer manuellement si nécessaire pour avoir à nouveau un dessin complet, après la mue suivante.

La fissuration par induction florale n’affecte en général qu’une seule paire de feuille, trois options d’intervention se présentent en fonction de la localisation de la fissure :

  1. fissure partielle (C121) : laisser cicatriser après avoir retiré la fleur et son pédicelle
  2. fissure complète mais verticale (C317) : laisser cicatriser avec la fleur mais surveiller
  3. fissure horizontale (C223) : sectionner la paire de feuilles au niveau de la fissure et laisser sécher jusqu’à cicatrisation‌ … du coup on ne conserve la plante que si elle a plusieurs paires de feuilles